Walid Chaouch : L’ambition d’AFRICAMEN est d’ouvrir la voie de l’Afrique

Mon, 11/14/2016 - 07:26

Voici -enfin!- un fonds d’investissement, quoique prudemment dimensionné, qui ouvre aux entreprises tunisiennes la voie de l’Afrique, par le haut…du bilan. Walid Chaouch, directeur général d’AMEN CAPITAL –gestionnaire d’AFRICAMEN, explique des tenants et aboutissants de ce fonds.

WMC : En ces temps où l’économie tunisienne cherche par tous les moyens à se redéployer, l’initiative d’un Fonds d’investissement pour l’international est opportune. Cependant qu’est-ce qui a motivé votre choix pour l’Afrique Subsaharienne?

Walid Chaouch : Je préciserais qu’AFRICAMEN concerne tout le continent africain, y compris les pays du Maghreb, qui est également une zone à fort potentiel. Nous avons toutefois décidé de faire un focus sur l’Afrique Subsaharienne car elle est moins connue et au vu de son potentiel et de son dynamisme.

Jugez-en par vous-même. Voilà un espace économique qui présente une masse critique importante. La démographie joue en sa faveur. La population globale avoisine le milliard d’habitants avec une perspective de doublement d’ici 2040. Cette région du continent a réalisé un taux de croissance réel de son PIB supérieur à la moyenne mondiale. Et ce n’est pas une performance négligeable, par les temps actuels.

38% de la population est urbanisée, et ce pourcentage pourrait passer à 50% à l’horizon de 2040. La classe moyenne est en pleine expansion. Les importations en marchandises de cette région représentent près de 400 milliards de dollars (soit 20 fois celles du marché tunisien). Le flux annuel d’IDE se situe autour de 40 milliards de dollars américains.

Cela ne fait pas de doute, c’est une zone d’avenir, pour les investisseurs et nous souhaitons que les entreprises tunisiennes puissent surfer sur cette vague.

Vous démarrez avec un Fonds de 30 millions de dinars, c’est un palier prudent. Mais vous soutenez que vous avez une “Dream Team“ dans votre tour de table du fait du Mix Privé/Public. Comment se répartit le capital?

Le fonds est réparti à hauteur de 10 MDT pour AMEN Bank, le plus gros souscripteur. Il est talonné de près par la Caisse des dépôts et consignations pour 9 MDT et le Groupe Poulina Holding pour 8 MDT, et enfin la STAR avec 3 MDT.

Les souscripteurs sont des institutions prestigieuses qui ont une solide expérience de l’international, et c’est un gage de performance.

Vous trouvez la mise prudente, je considère qu’elle est optimisée, pour une initiative exploratoire, d’autant plus que les fonds apportés peuvent être complétés par des financements bancaires, et qu’une fois épuisé, rien n’interdit de lancer des fonds analogues de taille plus importante.

Quelles seront les principales opérations que vous financerez?

Notre champ d’activité est cohérent avec notre objectif. S’agissant d’appuyer les entreprises tunisiennes tentées par le grand large, nous financerons, par conséquent, les activités d’exportation vers l’Afrique. Et là, j’ajouterais que les enseignes privées tunisiennes jouissent d’un grand capital de confiance et même d’un élan de sympathie, en Afrique.

Nous financerons également les opérations d’implantation physique, pour les entreprises qui envisagent de se baser sur place.

Last but not least, nous financerons les opérations de croissance externe, c’est-à-dire les acquisitions.

Vous conviendrez que pour opérer à l’international, il faudrait une certaine présence physique. Envisagez-vous de vous délocaliser?

Pour commencer, nous allons nous appuyer sur les structures existantes du groupe AMEN en Afrique dans le cadre de la gestion du fonds AFRICAMEN. Le Groupe AMEN BANK est en effet déjà présent en Afrique, via sa filiale MLA (Maroc Algérie Libye), spécialisée dans le leasing, au demeurant leader du marché en Algérie. Il est également présent via le groupe de financement panafricain ALIOS finance, contrôlé par le groupe AMEN.

Je précise que ALIOS Finance, qui existe depuis 1956, opère dans des domaines variés de financement Corporate (Entreprises) et Retail (particuliers), et qu’il est présent outre la Tunisie, dans neuf autres pays africains, à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali, le Sénégal, la Zambie, la Tanzanie et le Kenya.

Quant à une éventuelle implantation des services d’AMEN Capital à l’Afrique, la question sera sans doute d’actualité dans l’avenir, en parallèle de la croissance des fonds gérés.

Comment allez-vous opérer? Quels seront vos tickets de participation?

Nous proposons une palette de trois instruments de financement, à savoir: la prise de participation, la mise en place d’obligations convertibles ainsi que l’apport en Comptes Courants Associés.

Concernant la prise de participation, je préciserais que notre schéma d’intervention prévoit deux cas de figure: une participation directe dans le capital de la société mère ou la constitution d’une joint-venture dédiée.

Nos tickets vont de 0,5 à 5 millions de dinars par projet. Notre procédure d’intervention commence par une étude préliminaire, ensuite l’accord du Comité d’investissement, puis l’accord de transfert de la BCT, suivi du pacte d’actionnaire et enfin le closing avec le déblocage des fonds.

Vos objectifs sont-ils ambitieux?

J’espère qu’AFRICAMEN va apporter une contribution à la croissance des IDE tunisiens vers l’Afrique (et en particulier à ceux en Afrique Subsaharienne qui sont marginaux aujourd’hui). Il faut que ça change. Très tôt, la Tunisie indépendante s’est tournée vers l’Afrique mais en général les échanges avec le continent sont restés à un état modeste.

J’ajouterais que dans l’intervalle, le terrain a été occupé par divers pays compétiteurs de la Tunisie dont la Chine, la Turquie et le Maroc. Tout cela pour dire que nous avons, étant les pionniers, la responsabilité d’une stratégie opérante qui soit efficace, porteuse et surtout “gagnant-gagnant“. Je pense que nous réunissons l’expertise et les compétences nécessaires pour y parvenir. Et, les outils adéquats.

Après ce premier mécanisme de financement, AMEN Bank étudie la possibilité de créer un mécanisme de garantie des risques en Afrique. J’espère que nous allons susciter une dynamique d’affaires qui sera appelée à se développer.

Comment intéresser les entreprises par ce fonds? Y aura-t-il de la place pour tout le monde?

Les entreprises intéressées pourront soit prendre directement contact avec AMEN Capital en nous écrivant à l’adresse contact@amencapital.com, ou bien si elles le préfèrent s’adresser à l’agence d’AMEN Bank la plus proche, qui orientera vers nous leur demande. Nous traiterons les demandes dans l’ordre d’arrivée en adoptant la règle FIFO (premier arrivé, premier servi). Et ma foi, au cas où le présent fonds est épuisé rapidement, nous n’hésiterons pas à lancer un autre fonds.