Economie tunisienne De la récession à la dépression

Wed, 09/09/2015 - 14:50

L’économie nationale bat toujours de l’aile. La Banque centrale de Tunisie a déjà tiré la sonnette d’alarme annonçant officiellement l’entrée de l’économie réelle dans une phase de récession technique ou encore un ralentissement successif de la croissance au cours des deux derniers trimestres pour se situer autour de 1%. Doit-on craindre le pire, autrement-dit : plonger dans la contraction ou la dépression économique ou l’optimisme de s’attendre à une reprise économique ? A vrai dire et à jusqu’à nouvel ordre ou nouvelles réformes les signes avant-coureurs de la dépression sont plutôt omnipotents. En économie, la récession est un terme qui désigne un ralentissement du rythme de la croissance économique. Il ne s’agit pas d’une phase de décroissance ou de croissance négative mais d’un écart entre le niveau de croissance du PIB enregistré et le potentiel de croissance attendue. Techniquement, l’économie nationale pourrait dès lors se rattraper pour éviter le scénario catastrophique de dépression qui est une forme grave de crise économique. Des indicateurs qui clignotent au rouge Les indicateurs économiques de référence enregistrés au cours du premier semestre 2015 ne présagent rien de bon. D’ailleurs, le taux de croissance économique estimé pour 2015 a été révisé à la baisse pour la deuxième fois de 1,7% à 1% contre 3% prévu initialement. Un ralentissement alarmant expliqué par le ralentissement de la production industrielle notamment dans le secteur des industries du textile, habillement, cuirs et chaussures, lequel a enregistré au terme du premier semestre 2015 une chute libre de 7,1% des exportations. OECT/Service Communication REVUE DE LA PRESSE NATIONALE 9 septembre 2015 Page 26 Par ailleurs, le fléchissement de la production des industries non manufacturières et du secteur des services ajoutés à la fragilité du secteur bancaire continuent d’alourdir la note. Il faut dire qu’après six mois d’activité économique, les indicateurs économiques clignotent plutôt au rouge. Une contraction de 3,3% des revenus de travail et un au repli des dépenses au titre des transferts des revenus des IDE de 6,5% ont été enregistrés au cours de la même période de référence. Au niveau du secteur bancaire et toujours selon les chiffres publiés par la BCT, les besoins des banques en liquidité se sont accentués pour le quatrième mois consécutif. Ainsi les opérations de la politique monétaire de la banque centrale ont atteint au cours du mois de juin 2015 leur plus haut niveau depuis le début de l’année, soit 5.541 MDT en moyenne, niveau en hausse de 281 MDT par rapport au mois de mai. Au final, l’économie nationale va de mal en pis. Que faire pour éviter le pire : soit le passage d’une phase de récession à une phase de contraction ou de dépression économique qui correspond à une diminution importante et durable de la production et de la consommation ? A défaut de plan de relance et de réformes structurelles imminentes, la situation pourrait s’empirer davantage et au lieu d’envisager une reprise tant espérée de la croissance, on risque de plonger dans le chaos. Aujourd’hui, la loi sur la réconciliation économique continue de jeter un pavé dans la mare et de cultiver la discorde au sein de la classe politique qui poursuit pernicieusement ses chicanes inutiles au détriment des intérêts économiques. La visite qu’effectuera aujourd’hui et demain à Tunis de Christine Lagarde, Directrice générale du FMI vise à évaluer les réformes accomplies par le pays dans le cadre de l’accord de confirmation conclu entre la Tunisie et le FMI en juin 2013. Une ligne de financement de 303,08 millions de dollars est attendue après approbation du conseil d’administration du fonds. Le gouvernement Essid aura-t-il les moyens à persuader l’institution de Bretton Woods surtout qu’au niveau des réformes il y a encore du pain sur la planche?