L’attentat de Sousse frappe l’économie sur le court terme avec une croissance de 1,9% en 2015

Ven, 03/07/2015 - 10:42

L’attaque terroriste de la semaine dernière à Sousse souligne l'exposition de la Tunisie au risque de terrorisme et son potentiel de porter atteinte à l'économie, affirmé l’agence de notation Fitch Ratings. Mais, ajoute-t-elle, la transition politique réussie du pays au cours des dernières années pourrait soutenir les réformes structurelles qui augmentent la croissance à moyen terme.

L'attaque terroriste, la seconde en trois mois après celle du Musée du Bardo à Tunis en mars, qui a également ciblé les touristes étrangers, va frapper l'économie à court terme par le biais de son impact négatif sur le tourisme. La ministre du Tourisme Salma Elloumi Rekik a déclaré hier que l'attaque pourrait coûter à l'industrie plus de 515 millions de dollars US, cette année, soit l’équivalent d’environ 1,1% du PIB.

En 2014, le tourisme représentait 7% du PIB, 12% des emplois et 9% des recettes du compte courant (2.1 milliard de dollars). Fitch prévoit que la croissance ralentira, cette année, à 1,9% en 2015, contre 2,3% en 2014 dans la mesure où le tourisme et les investissements directs étrangers sont compromis par les attentats terroristes. La croissance reste en dessous des notes attribuées aux pays similaires, et de loin en dessous du niveau d’avant 2010, à savoir 4,4% en moyenne durant la période 2005-2010.

L'attaque met en évidence les risques liés à la sécurité de la Tunisie après sa transition réussie vers un régime politique démocratique. Ils sont aggravés par la frontière commune avec la Libye (où le gouvernement tunisien estime que les auteurs des attentats aussi bien de Sousse que du Bardo ont été formés, selon Bloomberg), par l'important contingent de ressortissants tunisiens combattant en en Syrie et par la détérioration de la situation économique à la suite du Printemps arabe en 2011, qui a induit un taux de chômage élevé parmi les jeunes.

Une augmentation importante de l'instabilité sécuritaire, sociale ou politique exercerait une pression négative sur' la note souveraine de la Tunisie 'BB’-. « Nous croyons que le processus de transition politique et de la stabilisation est bien ancré, et la révision en mars de la perspective de la Tunisie de négative à stable reflète à titre principal l'achèvement d'un processus démocratique de quatre ans. Les élections se sont déroulées en douceur et un gouvernement de large coalition avec une grande majorité a été vite formé au début de 2015 », souligne Fitch.

Cette transition devrait soutenir les efforts visant à relancer l'économie tunisienne et mettre en œuvre les réformes structurelles génératrices de croissance dans des domaines tels que le code des investissements, la restructuration des banques publiques, et les réformes fiscales (tel que réclamé par les créanciers officiels). Mais la nécessité d'un consensus social et politique pourrait signifier que la mise en œuvre de la réforme est lente, avec des effets qui ne se feront sentir qu’à à partir de l'année prochaine.

Néanmoins, la réforme fiscale et une plus forte croissance aideraient à reconstruire une marge tampon en termes extérieurs et budgétaires. La pression des déficits jumeaux s’est relâchée en raison de la baisse des subventions, du transfert des coûts et des prix du pétrole plus bas, entre autres choses, et l’émission de l’Eurobond de 1 milliard de dollars en janvier. La Tunisie continuera de bénéficier du soutien financier, économique et politique de ses principaux alliés occidentaux suite à la transition vers la démocratie. L'aide financière internationale a gardé dans des proportions modérées le fardeau du service de la dette extérieure et amélioré le profil de maturité de la dette publique.