Les agents de la fonction publique et des entreprises et établissements publics n’auront pas leurs majorations salariales durant ce mois de janvier. L’augmentation a été reportée pour le mois de février. Pour des raisons purement techniques, a affirmé une source de la présidence du gouvernement ce mardi 5 janvier 2015 à l’agence Tap. Or, semblable report dans un tel contexte économique en nette dégradation ne peut que susciter le doute, un doute parfaitement légitime. Y a-t-il réellement des raisons techniques derrière le non versement des augmentations dans les délais fixés initialement pour ce mois de janvier ? y-a-t-il pas de problèmes financiers derrière ce report sachant qu’il y a péril en la demeure tunisienne, personne ne peut le nier. Lors de son audition ce mardi 5 janvier 2015 par la commission des finances de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari a exprimé son inquiétude quant à l’utilisation des crédits bancaires à des fins de consommation et des dépenses de la masse salariale au détriment de l’investissement et du développement régional.
Dans une déclaration rapportée par Mosaïque Fm, Ayari a souligné que la Tunisie avait obtenu durant les 21 dernières années, 26 emprunts obligataires, représentant ainsi ¼ des dettes tunisiennes. Ces dettes devraient être remboursées dans une période allant du 5 à 30 ans. La valeur totale de ces dettes est comprise entre 150 millions de dollars et 1 milliard de dollars, ce qui représente un bilan sombre pour l’économie tunisienne qui voit déjà tous ses indicateurs économiques clignoter au rouge.
Dans le même ordre d’idées, le gouverneur de la BCT a reproché au gouvernement de Mehdi Jomaâ et à la Banque Centrale de ne pas avoir accéléré la mobilisation de l’emprunt obligataire de 1 milliard de dollars en janvier 2015. Un tel retard s’est traduit, selon lui, par un manque horrible de liquidités au cours de la période où Jomaâ était chef du gouvernement.
Le conseil d’administration de la BCT, réuni à la fin du mois de décembre dernier, a tiré la sonnette d’alarme sur la dégradation de la situation économique du pays. Dans une note de conjoncture produite par l’Institut d’émission, il a été indiqué que la situation de l’économie nationale a porté la marque, au cours des onze premiers mois de 2015, d’une baisse de l’activité dans les principaux secteurs, notamment ceux de l’industrie et des services.
En effet, l’indice général de la production industrielle a poursuivi son repli à un rythme plus accentué, durant les neuf premiers mois de l’année 2015, soit -1,7% contre -1,2% durant la même période une année auparavant, sous l’effet notamment de la détérioration de la production minière (-27,7% contre 22,4%) et de la poursuite du fléchissement de la production énergétique (-5% contre -7,3%) parallèlement à une stagnation de la production des industries manufacturières.
Les principaux indicateurs conjoncturels relatifs à l’évolution de l’activité industrielle, observés au cours du mois de novembre 2015, montrent un repli des importations des biens d’équipement (-16% en glissement annuel contre une hausse d’autant au même mois de 2014) et des matières premières et demi-produits (-1,3 % contre 4%). Également, les exportations des industries mécaniques et électriques ont enregistré un fléchissement (-4,9% contre 8,5%), ainsi que celles des industries du textile, habillement, cuirs et chaussures (-11,1% contre 2,2%).
Il est à rappeler à par ailleurs que l’accord relatif aux majorations salariales au titre de 2015 et 2016 et aux primes spécifiques au titre de 2016, 2017 et 2018 au profit des agents de la fonction publique et des entreprises et établissements publics a été signé durant le mois de septembre dernier.
Ces majorations se répartissent, selon les catégories, comme suit : 50 dinars pour la catégorie B, C, D et les ouvriers ; 55 dinars pour la catégorie A3 ; 60 dinars pour A1 et A2. Cette augmentation sera versée sur deux tranches : le 1er janvier 2016 et le 1er janvier 2017, était-il prévu au départ.
Les majorations salariales concernent, également, tous les agents des entreprises et établissements publics (agents permanents et contractuels) selon les catégories : 50 dinars pour les agents d’exécution ; 55 dinars pour les agents de maîtrise et 60 dinars pour les cadres.
Ces majorations auraient dû être versées sur deux tranches : 1er janvier 2016 et 1er janvier 2017. Les salariés déchantent en attendant l’échéance de février !