Pourquoi nos étudiants qui partent à l’étranger figurent parmi les plus brillants, se distinguent par leurs capacités d’adaptation et d’apprentissage et sont très vite embauchés à leur sortie de l’université alors que, dans notre pays, ils peinent à trouver un emploi dans un marché à la recherche de compétences?
Réponses dans cette suite et fin de l’entretien réalisé avec Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et, désormais, de l’Education nationale.
WMC : Quelle approche préconisez-vous pour réussir les réformes dans l’enseignement supérieur aussi bien au niveau de l’adhésion des différentes parties prenantes que de la qualité des études et des cursus?
Slim Khalbous : Il y a deux éléments de réponse dans votre question. Le premier élément concerne la méthodologie de la réforme et la deuxième le contenu.
Pour ce qui est de la méthodologie, nous voulions une continuité et une impulsion dynamique. Nous étions partis du diagnostic fait entre 2012 et 2015 par la Commission nationale pour la réforme. Le pays passait par des moments difficiles, et nous avons considéré que l’étude entreprise par la Commission pouvait servir de base pour définir notre plan d’action concernant la réforme sans pour autant omettre ses points positifs, tout en prenant compte ses carences. Le rendu était acceptable, il comprenait entre 300 ou 340 propositions où problèmes étaient posés.
Pour transformer les suggestions en actions concrètes, il fallait commencer par une priorisation. Parmi elles certaines devaient être réalisées avant d’autres, ce qui exige la responsabilisation des initiateurs et des exécutants.
La démarche du “qui fait quoi“ appelle un calendrier d’application, et un cadre juridique. La nouveauté repose sur une nouvelle méthode de travail, une méthode qui nous permet d’opérationnaliser la réforme. Nous avons réparti les propositions après diagnostic sur 10 thèmes principaux et 10 commissions nationales qui veillent à la mise en place de chaque thème conduite par un président d’université épaulé d’un rapporteur, du directeur général au ministère. Et fait nouveau: un conseiller juridique pour traduire les solutions préconisées en un texte juridique (circulaires, arrêtés, etc.).
“PARMI ELLES CERTAINES DEVAIENT ÊTRE RÉALISÉES AVANT D’AUTRES, CE QUI EXIGE LA RESPONSABILISATION DES INITIATEURS ET DES EXÉCUTANTS“
L’autre originalité est d’élargir le tour de table pour impliquer toutes les parties concernées et gagner leur adhésion. Auparavant, il n’y avait que le ministère, l’université et le syndicat des enseignants qui siégeaient dans les commissions. Aujourd’hui, tous les syndicats y sont représentés, à commencer par le syndicat ouvrier ou des employés. L’objectif est d’éviter tout blocage venant de l’administration. Les étudiants sont représentés dans les commissions parce qu’ils sont les premiers concernés par les réformes, ce sont «les clients finaux».
In fine, notre défi c’est quoi? C’est bien l’emploi. Eh bien, les employeurs aussi en font partie -l’UTICA et la CONECT y sont des membres permanents, ainsi que quelques gros employeurs, sans oublier la société civile. Quand je parle de société civile, je parle de celles qui s’intéressent à l’université, dont les sociétés savantes, sans oublier les députés qui figurent également dans le tour de table des commissions. Car, étant dans un régime parlementaire, nous ne pouvons traiter cette réforme sans la contribution des parlementaires; nous ne pourrons pas changer la carte universitaire sans leur appui.
“IL LEUR REVIENT À EUX D’ADOPTER LES LOIS QUI SERVENT AU MIEUX LES INTÉRÊTS DES NOUVEAUX LEADERS DU PAYS ET PAR CONSÉQUENT CEUX DE LA TUNISIE“
Je l’ai mentionné à l’ARP: nous appelons tous à des changements et nous attendons que cela commence par l’autre, mais il faut bien que cela commence quelque part. Je leur ai dit que nous allions améliorer les cursus, les performances scientifiques, les problèmes de logistique et d’infrastructures et travailler sur le nombre des étudiants. Il leur revient à eux d’adopter les lois qui servent au mieux les intérêts des nouveaux leaders du pays et par conséquent ceux de la Tunisie.
Qu’en est-il de la répartition géographique des universités sur le territoire national?
Juste un exemple pour cette question cruciale. Aujourd’hui, tout le monde veut avoir une école d’ingénieurs, parce que c’est prestigieux. Sur les 6 à 7 dernières années, les écoles d’ingénieurs ont été multipliées par 2. Nous en avons actuellement 29 institutions qui livrent des diplômes d’ingénieurs. Sur la même période, le nombre des diplômés en ingéniorat a été divisé par 2. Nous sommes passés de 8.200 diplômés par an à 4.000. La pyramide des âges en est certainement la raison. Nous avons moins d’étudiants et donc moins d’ingénieurs. Et je raisonne-là macroéconomie. La qualité des études concerne toutes les spécialités, et vous ne pouvez pas doubler le nombre d’institutions alors que le nombre d’étudiants a considérablement baissé. Il y a par conséquent un problème de choix, parce que la création d’écoles d’ingénieurs n’a pas été faite suivant un schéma directeur prenant en considération le facteur démographique et la spécificité de la région et encore moins la qualité des études dispensées.
Quand nous parlons de qualité, il s’agit là d’équipements, de laboratoires et d’instruments de recherche. Je suis étonné de la nonchalance qui a régné pendant des années pour ce qui est de l’importance de doter les écoles d’ingénieurs de tous les moyens logistiques et de recherche impératifs pour la formations de nouveaux ressortissants. Les équipements coûtent très cher, donc pour satisfaire aux revendications sociales, on a fait du surplace. On a créé par-ci et par-là des écoles qui n’ont pas les conditions requises. Conséquence, la qualité de l’enseignement s’en ressent.
Il vaut mieux se concentrer sur une seule école dotée de tout le nécessaire, sinon nous ne pourrons pas avoir de bons ingénieurs. C’est ce qui explique notre décision d’élargir le tour de table des commissions pour que tout le monde adhère aux réformes, certes difficiles mais indispensables, et puis parce que c’est l’air du temps, dans notre Tunisie d’aujourd’hui.
Est-ce que les délais impartis à ces commissions pour les conclusions finales sont clairs? N’y a-t-il par risque pour qu’avec trop de personnes à consulter, le programme de réforme s’éternise?
Excellente question. Comme le risque de l’élargissement des cercles de consultation peut prolonger les délais, nous avons mis en place des deadline. Nous avons démarré aux mois de novembre et décembre 2017, et le 3 janvier 2017, nous avons annoncé les commissions en fixant des délais: le 3ème et dernier délai se rapporte aux assises nationales sur la réforme de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique. Elles auront lieu les 30 juin et 1er juillet 2017. L’événement sera grandiose et se fera en présence de 1.500 participants. Tous les acteurs de la réforme seront de la partie. Nous y annoncerons les nouvelles orientations de l’université qui passeront du quantitatif au qualitatif. La réforme entrera en vigueur progressivement dans le respect de l’arsenal juridique mis en place par les experts.
“JE VOUDRAIS TOUTEFOIS PRÉCISER QUE NOTRE OBJECTIF IN FINE EST LE CHANGEMENT DE LA LOI-CADRE. LA DERNIÈRE LOI DATANT DE 2008 EST DÉJÀ OBSOLÈTE“
L’important est que toutes les décisions seront à effet immédiat, et tout ce qui est immédiat, c’est-à-dire qu’il s’agisse d’une décision ou d’un arrêté, je pourrais moi-même le signer illico presto.
Par contre, pour ce qui est des décrets-lois, nous ferons en sorte qu’ils soient soumis au conseil des ministres pendant l’été pour qu’ils puissent être effectifs à partir de la prochaine rentrée scolaire.
Je voudrais toutefois préciser que notre objectif in fine est le changement de la loi-cadre. La dernière loi datant de 2008 est déjà obsolète. Et vous savez comment était la Tunisie à cette époque-là, et dans quelles conditions la LMD y a démarré. Il y a eu beaucoup de précipitation et nous voulons éviter de commettre les mêmes erreurs. Nous prendrons un peu plus de temps, quelques mois peut-être, pour changer la loi-cadre. Nous ciblerons les années 2018/2019 pour l’entrée en vigueur de la nouvelle loi-cadre.
Ceci étant et depuis le démarrage du travail des commissions, nous avons constitué des sous-commissions techniques pour traiter de thèmes très pointus dont seuls les experts peuvent débattre. Il y a eu des réunions à propos de l’importance de l’accréditation des universités -un sujet extrêmement important et stratégique. Mais mise à part la dimension stratégique, il y a la dimension technique: quelle agence choisir pour remettre les accréditations et sous quels critères?
“JE VAIS BIENTÔT CONSTITUER UNE HAUTE COMMISSION COMPOSÉE DES COORDONNATEURS DES COMMISSIONS NATIONALES ET UNE AUTRE PRÉSIDÉE PAR LE MINISTRE EN PRÉPARATION DES ASSISSES DE JUIN”.
Nos universités doivent être reconnues à l’international. Nous avons donc invité des experts internationaux qui travaillent en accord avec les nationaux pour émettre leurs avis et soumettre leurs recommandations sur le sujet et remettre à la commission nationale. Tout sera prêt pour les assises.
Les membres des différentes commissions se réunissent régulièrement. Ils ont bien saisi l’enjeu et l’importance de l’entreprise, l’ambiance qui règne dans les commissions est magnifique. Il y a une belle dynamique, et leurs membres travaillent inlassablement. Je vais bientôt constituer une haute commission composée des coordonnateurs des commissions nationales et une autre présidée par le ministre en préparation des assisses de juin.
Le contenu des formations académiques et des cursus universitaires laissent à désirer. La preuve, le marché du travail en manque de compétences n’arrive pas à en dénicher chez les chômeurs diplômés.
Notre problème à l’université n’est pas dans la formation technique qui, souvent, est relativement bonne. La preuve ? Nos étudiants qui partent à l’étranger à titre individuel dans des universités ont de bons résultats. Donc la base existe et grâce à un environnement propice, ils figurent très souvent parmi les plus brillants dans les universités étrangères.
Nous avons effectué une enquête auprès des entreprises pour leur dire pourquoi vous ne recrutez pas les diplômés alors que le taux d’encadrement dans vos entreprises est insignifiant. Ils vous disent: «nous procédons à 500 entretiens avec ces diplômés et nous n’en retenons qu’un seul et très souvent par défaut». Dans l’enquête, ils nous ont rarement parlé de l’aspect technique. Généralement ils jugent que nos diplômés sont techniquement bons, et même s’ils ont de petites lacunes, en tant qu’entreprises, elles leur dispensent des formations courtes pour qu’ils découvrent la vie de l’entreprise et réussissent le passage à la vie professionnelle.
En revanche, le blocage se situe au niveau de la maîtrise de langue, et là vous avez des réponses comme celles-ci : «S’il ne sait pas parler, je ne peux pas lui apprendre à le faire; s’il ne sait pas se comporter en public, c’est pareil; s’il ne connaît pas le sens critique au sens scientifique du terme, je ne peux le lui apprendre». Nous parlons là des compétences de vie et du savoir-vivre et nous n’y pouvons rien.
“L’UNIVERSITÉ DOIT ÊTRE UN CENTRE DE FORMATION POUR LA VIE ET NON PAS LE SAVOIR SEULEMENT. LE DIPLÔME DOIT ÊTRE TOUT JUSTE LA CONSÉCRATION QUI PERMET À TOUT UNIVERSITAIRE DE FAIRE VALOIR SES CONNAISSANCES DANS LA VIE PROFESSIONNELLE ET DE PROUVER QU’IL A ÉTÉ À BONNE ÉCOLE“
La réforme c’est cela aussi, dedans il y a de l’apprentissage. Un ingénieur aux Etats-Unis a une grande partie dans ses cours en rapport direct avec la citoyenneté. Il étudie les sciences humaines, la géographie, pratique le sport, apprend les bonnes manières, bref, il apprend à devenir citoyen. Il ne se suffit pas d’un diplôme académique et technique. L’université doit être un centre de formation pour la vie et non pas le savoir seulement. Le diplôme doit être tout juste la consécration qui permet à tout universitaire de faire valoir ses connaissances dans la vie professionnelle et de prouver qu’il a été à bonne école. Il faut oser aujourd’hui le changement des mentalités et des méthodes au sein de nos universités.
Pourquoi est-ce dans notre pays nous ne pouvons pas nous inscrire dans une université et suivre des modules pour des formations complémentaires dans une autre université? Nous savons que nombreux sont les scientifiques, ingénieurs, médecins ou autres qui se radicalisent parce que leurs formations en sciences humaines est infime: pas de philosophie, pas de littérature, d’histoire de l’art et d’autres disciplines pour qu’ils voient le monde autrement.
Savez-vous que la loi permet de suivre les cours dans deux universités à la fois? Le LMD, mais il a été très mal introduit en Tunisie. Nombreux sont ceux qui considèrent que c’est un système vicié. Mais c’est sa mise en place qui est erronée et non pas son esprit. La question de la mobilité est l’un des avantages les plus importants dans ce système. Le LMD n’est pas tunisien, il est anglo-saxon et il est issu de la convention de Cologne, où on a décrété qu’il doit accroître la mobilité des étudiants, la mobilité entre disciplines et entre formations professionnelles et générales.
Et qu’est-ce qui s’est passé chez nous? Nous avions trop d’effectifs, nos étudiants ne s’en sortaient pas. Nous avons donc stoppé net la mobilité, alors que dans les textes elle existe, ce qui est ridicule. Parce que toutes les institutions n’offrent pas toutes les matières. Et en plus, nous nous contredisons. D’un côté, nous encourageons la spécialisation et d’un autre nous standardisons les matières. Du coup, plus de raison de faire de la mobilité.
Dans le LMD, il est dit qu’il faut un cursus minimum des fondamentaux et que le reste doit être composé des options. Chaque étudiant doit pouvoir faire des choix individuels pour réaliser ses rêves, selon ses compétences, ses talents et compléter sa formation. Face à cela, quel raisonnement nous tenons nous? Nous n’avons pas les moyens de satisfaire à ces exigences, et puis cela va être l’anarchie, nous aurons de petites classes et nos moyens sont réduits. Du coup, c’est l’institution qui se charge de choisir, il n’y a pas d’option à l’individuel.
L’autre aspect est l’internationalisation: nous ne disposons pas des moyens financiers pour envoyer nos étudiants suivre leurs études ailleurs. Qu’avons-nous laissé à l’esprit du LMD? Rien! Nous avons enlevé la quintessence de ce système et nous l’avons accusé de tous nos maux… En fait, la cause de tous nos maux est notre façon de faire.
Pensez-vous pouvoir désormais appliquer en Tunisie l’esprit du LMD tel que c’est fait dans les pays européens?
Oui. Pourquoi? Parce que le nombre de nos étudiants est en train de baisser considérablement. Ce recul s’étendra sur 5 ans et c’est une bonne nouvelle. Nous allons pouvoir travailler sur la qualité de l’enseignement et non sur la quantité. Jusque-là, nous avons subi les aléas de la massification du nombre d’étudiants et c’était ingérable, d’un point de vue logistique, infrastructures, encadrement, équipements et autres.
Il y a un autre élément que nous n’avons pas encore évoqué, c’est la formation des formateurs. Si nous décrétons qu’il faut introduire les soft skills et la culture générale, qui va le faire? Ce sont des enseignants, et parmi eux, il y en a qui se sont recyclés et d’autres non, et il y en a qui soutiennent cette logique et d’autres non. Et c’est un autre combat à mener.
La formation des formateurs est importante, le contrôle de la qualité de leur rendu l’est aussi. Il y a des enseignants qui viennent rarement dispenser leurs cours, les syndicats défendent généralement aveuglément leurs confrères. Comment réussir votre réforme, les choses étant ce qu’elles sont?
Il ne faut pas généraliser, sinon on va dire que l’université tunisienne n’a que du mauvais. Dire que ces pratiques n’existent pas c’est cacher la réalité, mais il ne faut pas généraliser. Les universitaires sont dans leur majorité sérieux et sont frustrés de ne pas pouvoir faire plus parce que les conditions ne le permettent pas. Avec le syndicat nous avons un accord moral. Ils défendent les bons pas les mauvais et jusqu’à maintenant nos rapports sont assez cordiaux. Même si parfois il y a un jeu de pouvoir «mis en vente» dans certains médias et, malheureusement, nous n’y pouvons rien.
“PERSONNELLEMENT, JE DIRAIS QU’IL FAUT ACCORDER DES INCITATIONS AUX MEILLEURS, MAIS LA LOI NE LE PERMET PAS AUJOURD’HUI“.
Pour l’instant, nous travaillons ensemble, la majorité des syndicalistes est convaincue de l’importance de la réforme de l’université. Certains méritent des sanctions, mais avant d’en parler, je préfère discuter des incitations. Le drame est que dans la fonction publique, on ne distingue pas les bons des mauvais ou ceux qui travaillent de ceux qui ne travaillent pas. Personnellement, je dirais qu’il faut accorder des incitations aux meilleurs, mais la loi ne le permet pas aujourd’hui. Nous ne pouvons pas traiter ceux qui se sont investis corps et âmes dans leur travail et ont fait de bons résultats de la même manière que d’autres qui n’ont rien fait ou fait tout juste leur travail. La loi ne permet pas, par exemple, d’accorder des financements à ceux qui déposent un brevet, et c’est la raison pour laquelle il n’y a pas de brevets des universitaires dans notre pays. La loi ne nous donne pas ce droit et cette latitude. La réforme a pris en compte ces facteurs.
Maintenant, il faut trouver la manière de le faire, et il y a autre chose qui n’existe pas encore, l’évaluation annuelle. Je comprends mal qu’on n’ait pas le feedback sur la qualité de l’enseignement à l’université et non seulement à travers les examens, mais à travers la manière d’enseigner et de former. Nous devons pouvoir évaluer l’enseignement et savoir si le message passe ou non. Il n’est pas dit qu’au nom d’une sacro-sainte autonomie universitaire, que nous ne remettons pas en cause, ceci ne se fasse pas dans notre pays. Dans le monde entier, cela existe et il y a différentes manières d’évaluation de par le monde.
Dans le cadre de cette réforme, alors nous avons introduit cette composante dans la Commission de la réforme à l’accréditation. Grâce à l’accréditation qui exige le respect de nombre de normes de qualité internationale, il faut procéder à l’opération d’évaluation du rendu des enseignants.
Pourquoi faut-il être accrédité? C’est parce que sinon vous n’aurez plus la possibilité de signer des conventions avec des universités étrangères. L’Union européenne a signé un accord pour que, d’ici 2023, aucune université européenne n’ait plus le droit de signer des conventions de partenariat avec des universités non accréditées. A ce jour aucune université tunisienne n’a été accréditée. A ce train-là, nous n’aurons plus le droit d’avoir des accords de partenariat avec les universités à l’international et nous sortirons complètement du monde universitaire.
En revanche, nous comptons nous attaquer progressivement à ce volet important de la réforme universitaire. Tout d’abord par la discussion, la prise en compte des critères les plus importants au niveau du contenu des modules enseignés et l’évaluation de l’offre pédagogique.
“QUAND NOUS CHOISISSONS UN MÉTIER AUSSI NOBLE QUE CELUI DE DISPENSER LE SAVOIR, NOUS APPRENONS AUSSI À ÊTRE HUMBLES. C’EST AINSI QUE NOUS POURRIONS AVANCER ET FORMER LES ÉLITES DE LA TUNISIE“.
L’idée de faire une évaluation n’est pas une question de contrôle, ou de sanction, il faut établir des rapports de confiance et procéder à un auto-apprentissage, une auto-amélioration. La question que nous devons tous nous poser en tant qu’universitaires est comment nous allons nous améliorer et exceller si nous n’avons pas un feedback de ce que nous dispensons dans mon cours. Fort heureusement, il y en a qui le font d’eux-mêmes en soumettant un questionnaire à leurs étudiants afin de jauger de la qualité des cours qu’ils ont donnés tout au long de l’année.
Quand nous choisissons un métier aussi noble que celui de dispenser le savoir, nous apprenons aussi à être humbles. C’est ainsi que nous pourrions avancer et former les élites de la Tunisie.