Médias et société civile, persuadés que la création d’une industrie sportive peut contribuer à diversifier la base économique du pays et à créer d’emplois pour les jeunes, s’emploient ces temps-ci à mettre la pression sur un gouvernement qui manque d’imagination et de réflexion sur les avantages que peut engranger tout projet de lancement d’une nouvelle industrie sportive dans le pays.
Webmanagercenter a fortement contribué à cet effort. Nous écrivions déjà, au mois de février 2017 que “le sport collectif tunisien, confié jusque-là à des amateurs et à des chauvinistes, gagnerait à être valorisé et à être érigé en véritable industrie gérée par des professionnels et des économistes du sport. L’objectif est de rentabiliser cette activité génératrice d’emplois, d’entreprises d’articles de sport, de devises et de recettes fiscales pour l’Etat (promosport et autres prestations…)”. (Lire notre article: Tunisie: Plaidoyer pour le développement d’une économie du sport).
Quand la société civile prend le relais
Deux mois après, c’est la société civile qui prend la relève. La Ligue clubiste (associations des fans du Club africain), en partenariat avec l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), organise tout un colloque sur le thème: “l’investissement dans le sport: enjeux stratégiques, réalités et nécessité de réforme des associations sportives”.
La manifestation à laquelle ont pris part des responsables de structures sportives dont Mehrez Boussayane, président du Comité national olympique tunisien (CNOT), et Khaled Babbou, membre exécutif de l’Union des confédérations sportives africaines a été une précieuse opportunité pour débattre des moyens de faire émerger en Tunisie une véritable industrie du sport.
Enjeux
Dans ce contexte, les participants ont discuté de deux thèmes majeurs. Le premier a porté sur l’évolution des cadres de gouvernance et de réglementation des associations sportives (bonne gouvernance dans les associations sportives: best practices). Le second a traité du business model à adopter pour le développement d’une industrie du sport en Tunisie: financement ou investissement dans le sport, implications de la nouvelle loi sur l’investissement et modèles d’investissement.
De prime abord, les intervenants ont tenu à démontrer les difficultés financières que rencontrent actuellement les associations sportives. Selon Majdi Hassen, directeur exécutif de l’IACE, “les fonds mis à la disposition de ces dernières ne couvrent que 40% de leurs besoins”. C’est ce qui explique, entre autres, que les joueurs ne soient pas payés dans les temps réglementaires.
Il n’y a que des avantages
Ils devaient évoquer ensuite les avantages multiformes dont la Tunisie peut tirer d’une nouvelle industrie du sport. Nous en citons quatre.
Premier avantage : la création d’emplois. Cette industrie peut employer des dizaines de milliers de personnes. A titre indicatif, dans un pays comme la France, cette industrie emploie 1,7 million de personnes dont 1,4 million de façon permanente.
Deuxième avantage : la création de nouvelles entreprises. La pratique du sport en tant que loisir, en expansion depuis les années soixante-dix, est une activité porteuse. Elle entraîne la consommation de vêtements et d’articles de sport, de services, commerciaux ou non, d’enseignement et d’animation.
Troisième avantage : la rentabilité de l’activité sportive. Le retour sur investissement dans cette niche est assuré. Les spectacles étant payants et sollicités par les annonceurs publicitaires.
Quatrième avantage : il est d’ordre socio-culturel. L’intensification des activités sportives et leur promotion en véritable industrie permettent d’encadrer les jeunes et d’animer les villes du pays.
Les prérequis
Le lancement d’une industrie sportive en Tunisie est tributaire de nombre de prérequis. La démarche la plus recommandée consiste à faire, d’abord, un bon diagnostic de la situation sportive en Tunisie, de s’inspirer, ensuite, des expertises réussies à l’étranger, et enfin de mettre en place une stratégie nationale en partenariat avec toutes les parties concernées.
Concrètement, il importe d’agir sur les mentalités et les réglementations afin de créer un environnement incitatif à l’industrie sportive.
Toujours au rayon des préalables à réunir, il s’agit, a-t-on martelé au cours de ce colloque, de mettre fin au mécénat et de favoriser le partage des pouvoirs, d’opter ensuite pour un professionnalisme pur et dur en la matière, et de privilégier enfin la bonne gouvernance avec comme corollaire l’obligation des résultats et la réalisation des objectifs fixés.
Le tout dans le cadre d’une vision globale et cohérente devant aboutir à un grand projet sportif pour doter la Tunisie d’une nouvelle image, celle d’une grande destination sportive.