La baisse du taux d'intérêt directeur est une bonne décision et devra être accompagnée par d'autres réformes, ont fait savoir, vendredi, des économistes. Le Conseil d'administration (CA) de la BCT avait décidé, mercredi, de baisser le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale de 50 points de base pour le ramener à 4,25%.
Joints par TAP, Moez El Joudi, président de l'Association tunisienne de gouvernance, et Fethi Nouri professeur universitaire d'économie, ont ainsi déclaré que cette décision contribuera à relancer l'économie, tout en préconisant sa consolidation par d'autres réformes.
La décision prise par la BCT est "très positive et vient à temps", a ainsi souligné Nouri. "Elle permettra de stimuler l'économie par la relance de l'investissement et de la consommation, les deux moteurs de la croissance", a-t-il appuyé.
La décision de la BCT a en effet été dictée par la tendance baissière des crédits bancaires accordés tant aux professionnels qu'aux particuliers, ces derniers refusant de recourir aux banques. La baisse de l'inflation et le recul de la consommation constatés au cours des derniers mois expliquent également cet abaissement du taux d'intérêt.
Selon Nouri, le Tunisien a peur de l'avenir et est plus rationnel dans ses achats, surtout qu'il a acquis, depuis la révolution, "une culture économique", et des sujets qui étaient tabous auparavant, tels que l'endettement, le chômage.... meublent désormais les discussions. Et l'analyste économique de poursuivre que l'abaissement du taux d'intérêt ne provoquera pas un retour à l'inflation comme le craignent certains, car "nous continuons à la maîtriser".
Cette mesure qui est monétaire sera complémentaire et accompagnera les autres réformes à mettre en place (fiscale, code de l'investissement...), a souligné Nouri.
Cependant, il recommande la prise d'initiatives courageuses, la réhabilitation du secteur privé et un retour au travail en vue de relancer l'économie, outre la stabilité politique et sécuritaire.
Pour Moez Joudi, la baisse du taux d'intérêt directeur de la BCT était nécessaire afin de donner des signaux positifs et d'inciter à l'investissement. Toutefois, selon lui, l'investissement n'est pas uniquement bloqué en raison du taux d'intérêt mais également par la lourdeur administrative, la détérioration du climat des affaires, l'insécurité, le climat social et la faiblesse de l'infrastructure.
Et de poursuivre que la décision de la BCT ne "peut donc pas avoir de répercussions palpables à court et moyen termes".
Par ailleurs, il indique que le taux d'intérêt directeur concerne également l'épargne. En effet, la baisse décidée se répercutera sur l'épargne du fait que le Tunisien ne sera plus encouragé à épargner vu la baisse dudit taux, rappelant que le taux d'épargne qui était de 21% pendant les années 2011 et 2012 n'est plus actuellement que de 12%, d'où le manque de financement de l'économie nationale par l'épargne nationale.
Pour Joudi, la baisse du taux d'intérêt directeur aurait due être annoncée au début de l'année 2016, soit après la consolidation de la baisse du taux d'inflation sur le reste de l'année, la prise en compte de tous les indicateurs annuels et la mise en place des réformes escomptées (PPP, code de l'investissement, loi de finances 20160...) et donc le démarrage des grands projets publics. Il regrette à ce propos "ce côté sporadique et le peu de programmation et cohérence" mais comprend toutefois cette décision au vue de la baisse relative de l'inflation et de celle de l'investissement.