Les bailleurs de fonds, particulièrement les institutions de Bretton Woods, exercent, ces temps-ci, un véritable harcèlement sur le gouvernement tunisien dans l’objectif de le pousser à honorer les engagements pris en contrepartie de l’obtention de crédits et, partant, à accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles convenues.
Pour mémoire, ces réformes portent sur la fiscalité, douane, restructuration/recapitalisation des banques, faillite des entreprises, code des investissements, environnement des affaires, concurrence, partenariat public/privé, intégration de l’économie parallèle dans le circuit formel.
La Banque mondiale épingle de nouveau la douane tunisienne
S’agissant des rapports sur les dérives qui prévalent dans les secteurs à réformer, le plus récent a été rédigé ces dernières semaines par la Banque mondiale sur la douane tunisienne. Pour Eileen Murray, représentante résidente de la Banque mondiale pour la Tunisie, «ce rapport, intitulé “Political Connections and Tariff Evasion: Evidence from Tunisia“, met à nu les pertes économiques causées par le non-paiement des droits à l'importation durant les dix dernières années, une situation qui a fait perdre à l'État des milliards de dollars».
Le FMI menaçant
Concernant les avertissements, ils sont à l’actif du Fonds monétaire international (FMI). Le plus récent a été formulé par une délégation du Fonds qui a séjourné, du 28 mai au 10 juin 2015, à Tunis, dans le cadre des consultations traditionnelles prévues au titre de l’article IV des statuts de l’institution.
Conduite par Amine Maati, chef de mission pour la Tunisie au département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, pourtant un des artisans de l’Accord Stand-by conclu avec les autorités tunisiennes en juin 2013 (1,7 milliard de dollars), cette délégation, dont le séjour n’a pas été médiatisé comme le veut la tradition, s’est déclarée insatisfaite du retard monstre qu’accusent les réformes structurelles que le gouvernement tunisien s’était engagé à entreprendre.
Selon nos informations, la délégation aurait même brandi des menaces, et ce en conditionnant le déblocage du solde du crédit Stand-by par l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) des réformes et par le démarrage de leur mise en œuvre. Il s’agit du 2ème avertissement que le FMI lance au gouvernement tunisien en l’espace de deux mois.