Le 1er mars marque une étape importante dans la guerre contre les sacs en plastique menée depuis plusieurs années par le gouvernement. Depuis ce jour-là, les grandes surfaces ne distribuent plus à leurs clients ces sacs si néfastes pour l’environnement. Cependant, en engrangeant ce succès, les autorités, et plus particulièrement Riadh Mouakhar, ministère des Affaires locales et de l’Environnement, a remporté une bataille mais pas la guerre. Une guerre encore longue, notamment, comme l’a expliqué récemment le ministre aux membres de la Commission de l’industrie de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), en raison des divergences avec les industriels.
Le gouvernement veut arrêter la production de sacs en plastique en dessous de 50 microns. Mais les industriels ne l’entendent pas de cette oreille.
Après avoir, «une ou deux semaines après mon entrée au ministère», précise M. Mouakhar, signé l’accord avec les grandes surfaces, le ministre a engagé le dialogue avec les industriels. Et les divergences sont apparues dès le début des discussions avec la Chambre syndicale des industriels du plastique et la présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui. «Ils ont mis sur la table la question des emplois. Mais nous avons un problème avec les chiffres. Nous ne sommes pas d’accord à ce sujet. Au début ils ont parlé de 15.000 postes dans l’industrie du plastique puis de 30.000».
Malgré cette divergence, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement, d’un côté, l’UTICA et la Fédération des industriels du plastique, de l’autre, sont tombés d’accord pour réaliser une étude du secteur –financé à parts égales par les deux parties- qui permettrait d’y voir plus clair. «Par la suite, ils nous ont dit ne pas pouvoir assumer leur part du financement», regrette Riadh Mouakhar. «Nous avons donc décidé de financer l’étude», indique le ministre. Pour cela, le ministère a demandé un don.
Ensuite, poursuit le ministre qui ne cache pas son agacement face à ce qu’il considère clairement comme des manœuvres dilatoires, «nous avons proposé que les usines se mettent à produire des sacs en plastique de moins de 50 microns» qui, contrairement aux autres, présentent l’avantage d’être réutilisables, mais «ils (les industriels) nous ont dit que cette transformation nécessite des investissements. La directrice du CITET (Centre international des technologies de l’environnement de Tunis) a, selon le ministre, dit que ce n’est pas vrai.
En réalité, les industriels du plastique sont hostiles au projet de loi –dont l’entrée en vigueur a été reportée de janvier à mars 2017 afin de laisser le temps à ces derniers de migrer vers la fabrication de sacs réutilisables- qui, selon eux, constituent une menace pour les milliers d’emplois de leur secteur.
Reste maintenant l’autre piste que Riadh Mouakhar agite comme un épouvantail afin d’amener les industriels à composition: la remise dans le pipe et l’adoption par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’un projet de loi préparé par les députés afin d’interdire la production de sacs en plastique et dont le ministère de l’Environnement avait demandé la mise en stand-by il y a deux ans. «Nous avons dit aux industriels que nous sommes prêts à les aider et qu’à défaut, l’ARP va sortir son texte», observe M. Mouakhar.
Du reste, à moins que le ministère et les industriels trouvent un terrain d’entente d’ici là, il est prévu que la Commission de l’industrie, de l’énergie, des ressources naturelles, de l’infrastructure et de l’environnement de l’ARP) reprenne l’examen de ce projet de loi.
En attendant, et comme si de rien n’était, le ministère des Affaires locales et de l’Environnement prépare le lancement d’une campagne de sensibilisation «sans précédent», selon M. Mouakhar.